1929 - N° 37 - Pour qu'on soigne bien les accidentés du travail

Pour qu’on soigne bien les accidentés du travail


Nous avons reçu la lettre suivante d’un de nos amis :

Dans un grand atelier, un chef de service se fait prendre le bout du doigt dans un engrenage. En l’absence du docteur attaché à l’établissement, l’infirmier, après un nettoyage sommaire — j’insiste sur le mot « sommaire », — applique de la teinture d’iode. Le lendemain, le médecin étant encore absent, l’infirmier remet une couche d’iode. Le surlendemain, le docteur voyant qu’on avait mis de la teinture d’iode refait une nouvelle application du même désinfectant, sans plus.

Le quatrième jour, le doigt était gonflé, le cinquième, c’était toute la main, le sixième, l’inflammation avait gagné le milieu de l’avant-bras, pendant qu’un phlegmon se déclarait sur la paume de la main et un autre sur la partie dorsale. Dans une clinique, la partie accidentée est examinée aux rayons X et on constate un écrasement de la troisième phalange avec quelques esquilles osseuses ; on soigne les abcès. Le lendemain, on décida l’amputation de la troisième phalange. L’inflammation augmentant de plus en plus, on ampute, quelques jours après, la deuxième phalange, puis c’est au tour de la première. Mais le malade est de plus en plus mal et on lui sectionne le poignet et aucune amélioration se produisant, on décide comme ultime intervention de lui amputer le bras. Ce qui fut fait, mais quelques heures après, après quinze jours d’atroces douleurs, le malheureux expirait.

Jocistes, n’oubliez pas que la propreté est le premier et le plus important degré de l’antiseptie ; c’est là un fait sur lequel on ne saurait assez insister. Si petite que soit votre bléssure, exiger de bons soins et immédiats ; faites-vous protéger convenablement les parties atteintes contre toutes les causes d’infection qui plus que tout autre vous entourent continuellement : poussières de toute nature, liquides souillé, etc.

A. WAUTIER.

Notre ami a raison. Quelques remarques pourtant s’imposent.

Cet infirmier est un incapable ; qu’on lui fasse suivre des cours ou qu’on le remplace.

Le médecin qui a examiné le pansement et la plaie le troisième jour devrait lui aussi refaire un stage de réapprentissage. Il a montré une insouciance formidable.

Ce cas va renforcer la thèse de plusieurs grands spécialistes qui conseillent, dès qu’une blessure survient à un ouvrier, de le panser rapidement et de le diriger vers une clinique centrale qui desservirait plusieurs usines de toute une région.

Ces messieurs disent que ce système évitera l’inflammation des plaies dues si fréquemment aux négligences des premières heures.

La rationalisation des services médicaux industriels s’impose aussi à condition toutefois de ne pas installer ces cliniques à des endroits inaccessibles aux membres de la famille du blessé.

FERNET.

SOURCE

JOC, N° 37, 13 septembre 1929