1921 - N° 3-4 - 1921

Nous nous excusons auprès de nos abonnés et de nos camarades du retard avec lequel le journal paraît. Ce contre-temps est imputable à notre imprimeur habituel qui a été surchargé de besogne. Des dispositions sont prises pour éviter désormais pareille mésaventure.


1921.

Cette année doit être décisive pour la « Jeunesse Syndicaliste ». Année de propagande, de travail, d’étude, de formation année fertile en un mot si nous nous mettons résolument à la besogne. Tous nos camarades voudront une telle 1921. Certes, elle exigera de grands efforts mais la cause que nous défendons ne les vaut-elle pas et nos fatigues, nos peines ont-elles du poids, en face du résultat vers lequel nous tendons. Nos sections actuelles doivent s’organiser plus complètement, nos séances du C. Etudes Central doivent être suivies plus régulièrement par tous nos délégués, nos retraites plus nombreuses puis par dessus-tout, notre propagande incessante faite dans tous les milieux. Il y a encore tant à faire, tant de milieux où nous n’avons pas encore pu pénétrer ; il suffit pour s’en convaincre de parcourir quelques quartiers populaires de notre agglomération et d’y voir ces dizaines et ces dizaines d’enfants ouvriers qui vivent loin de nous, de notre Foi, de notre amitié.

Et pourtant nous devons les attirer citer nous, les aimer pour les sauver, pour les retirer de leur misère matérielle et morale. Avouons que trop souvent nous n’avons pas ressenti vis-à-vis. de ces frères-là, le sentiment de pitié et d’affection que le Christianisme nous.impose. J’entends plusieurs chrétiens pharisiens me dirent : Vous n’y pensez-pas . . . prendre de pareils gamins dans votre J. S. ! ceux-là nous les laisserons grogner.

Il y en avait jadis au temps où N-S. déversait ses grâces sur tes publicains, les pauvres, les ignorants, qui grognaient aussi.... le Christ a prononcé contre eux les paroles de malédiction…

Que les premières difficultés que nous rencontrerons dans notre apostolat populaire ne nous découragent pas. C’est de là et de là, uniquement que viendra le salut.

La faillite de tant de nos œuvres catholiques d’éducation, d’instruction, de préservation de la jeunesse ouvrière, vient précisément de ce qu’elles n’ont pas été suffisamment adaptées à la mentalité de nos jeunes apprentis et de nos jeunes ouvriers. Ils se sont enfuis de nos œuvres, tes jeunes qui se sentaient une volonté, une ardeur, un enthousiasme et nos œuvres n’ont gardé que des « secourus » des « profiteurs. »

Durs aveux.... devant lesquels se cabreront bien des gens qui croient avoir rendu d’immenses services à la classe ouvrière et qui en fin de compte ont éteint à force de paternalisme et de « bienfaisance », les lueurs de relèvement qui enflammaient parfois les âmes des jeunes gens du peuple venus à eux.

Nos camarades de la J.S. iront à eux, à ces jeunes parias, à ces délaissés, comme nos précurseurs du Sillon allèrent aux masses des faubourgs de Paris pour les évangéliser.....

L’époque où Dieu nous fait vivre exige que nous recrutions les âmes une par une,… que nous allions les « pêcher » jusque dans les taudis ... sans dégoût, sans honte, sans mépris. Vous vous rappelez la parabole du festin que St-Luc nous relate. « Un homme donna un grand festin et y convia tous ses amis. Or, l’un après l’autre ceux-ci refusèrent d’y aller : l’un avait acheté une terre, l’autre des bœufs, l’autre venait de se marier. Apprenant cela, le maître dit à ses serviteurs : Allez vite par les places et les rues de la ville et amenez ici les pauvres, les estropiés, les aveugles, les chemineaux, les mendiants, les sans-logis .... Nous devons vouloir ressembler à ce serviteur qui part à la recherche des âmes du jeune peuple.

Puisse le Christ bénir le travail ardent de nos camarades au cours de cette année nouvelle puisse-t-il susciter parmi nous plus de dévouement encore, plus de vocations, afin que la J. S. lui ramène beaucoup de jeunes égarés, de jeunes«publicains» et les lui donne pour toujours.

F. TONNET.

SOURCE

La Jeunesse Syndicaliste, N° 3 et 4, décembre 1920 et janvier 1921.