1922 - N° 10 - Ce qu'il faudrait à Bruxelles

Ce qu’il faudrait a Bruxelles.

Il vient de se fonder a Paris entre différents groupements catholiques une association qui a pour but l’installation et l’aménagement aux divers coins de Paris, de « Logis fraternels ». Ce sont de vastes maisons de logements pour jeunes etudiants, employés, que la lutte pour la vie et les études conduisit à Paris.

Enlevés aux influences infernales de la ville, ces jeunes gens trouveront dans les « Logis fraternels » l’atmosphère chrétienne qui les trempera pour les difficultés de leur vie de jeune travailleur.

Constituée définitivement le 4 août dernier, la société anonyme des « Logis fraternels » s’est rendue acquéreur d’un bâtiment qui s’ouvrira très prochainement sous la dénomination Logis fraternel de Castelnau. Situé a quinze minutes de la gare Saint Lazare, il offrira bientôt soixante chambres confortables possédant tout l’agencement désirable d’une excellente maison de famille, avec en plus des salles de correspondance, conférences, etc.

Gomme on le voit le « Logis fraternels » est destiné à rendre à ces jeunes gens d’immenses services. Avec une envie mêlée d’amertume nous songeons à notre Bruxelles où rien n’existe au point de vue catholique pour les apprentis, les jeunes ouvriers et employés isolés et perdus dans la grande ville. Rien et pourtant avec quelle ardeur nous souhaitons un Home catholique pour jeunes travailleurs. Il faut avoir eu devant les yeux et devant son cœur de jeune, des cas comme ceux que nous eûmes depuis quelques mois pour sentir toute lu dureté, toute la culpabilité de la société d’aujourd’hui envers les jeunes travailleurs.

Depuis un un, sept jeunes ouvriers : belges, français, allemands, sont venus nous trouver pour avoir du logement. La mort dans l’âme nous leur avons indique les différents asiles de nuit que la pitié officielle ouvre aux sans-logis... Et jamais nous n’oublierons le geste de recul de plusieurs d’entre-eux qui nous dirent : j’irai plutôt dans une salle d’attente...

Oui, il faudrait dans chacune de nos grandes villes et dans chacune de nos grosses communes industrielles du pays de Liège et de Charleroi, des Homes pour ces centaines de jeunes gens à qui la société n’offre maintenant comme logement que des mansardes surpeuplées et des taudis puants...

Et l’on songe aux statistiques sur la tuberculose chez les jeunes de la classe ouvrière... et a la marée de l’immoralité... et l’on évoque, en se mordant les poings, ces gigantesques Palaces des plages qui ne servent que deux mois l’an et dont avec les briques et les pierres, on pourrait édifier dans nos villes, des abris de bonheur, de pureté, de beauté, de bonté, de foi.

F. T.

SOURCE

La Jeunesse Syndicaliste, N° 10, octobre 1922.